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Quelques souvenirs de mon enfance et de mon adolescence

  • jacques909
  • 11 juil. 2024
  • 13 min de lecture

Le premier souvenir de mon enfance, c’est l’arrivée devant notre maison à Colombier NE, de mon père, habillé en soldat, au volant d’une ambulance militaire. Il n’était pas ambulancier, mais chauffeur durant la mobilisation. Je devais donc avoir entre 3 et 4 ans. Ensuite, plus tard, quand il me faisait sauter sur ses genoux en chantant « Hue coco bidet, hue », et qu’il faisait semblant de me laisser tomber entre ses jambes, je riais comme un fou. J’étais heureux. Durant ces premières années de ma vie, je n’ai pas de souvenir de ma mère, et pourtant, c’est elle qui portait la responsabilité de l’usine de bonneterie qu’elle dirigeait avec mon père. Durant la guerre, en l’absence de mon père, elle s’occupait de l’usine, de mon demi-frère et moi et je ne me rappelle pas comment elle pouvait mener tout cela à bien. Elle me confiait à l’épouse d’un contre-maître qui travaillait à l’usine. Je les appelais, papa et maman Delay. C’était leur nom. J’étais souvent hébergé chez eux, car ma mère n’avait pas le temps de s’occuper de moi. Je n’ai pas de souvenir de câlins venant de ma mère, mais je ne crois pas en avoir souffert à ce moment-là. Cependant, je ne devais psychologiquement pas être très bien, car je faisais pipi au lit toutes les nuits et cela m'a perduré jusqu’au moment où j’ai quitté la maison pour être hébergé par deux dames à Berne. J’avais plus de 14 ans.


Nous étions financièrement à l’aise et je trouvais parfaitement normal les privilèges que cela donnaient. Dans l'enfance, on ne se rend pas compte de cela. Nous pouvions aller en vacances et c’est lors de vacances de neige à Villars avec ma mère, que je me suis cassé la jambe à ski. Après que le médecin, sur place, m’ait mis un énorme plâtre, mon père était venu nous chercher et je me souviens du retour à la maison, la nuit, à l’arrière de la voiture. A l’époque, on n’allait pas à l’hôpital. Je devais avoir moins de 7 ans, car j’allais au jardin d’enfants, chez madame Barbier qui nous accueillait tous les matins. J’aimais bien aller chez elle.


L’école primaire était à 200m de chez nous. Je me levais toujours au dernier moment, car je n’avais que 5 minutes pour aller à l’école et chaque matin, c’était la bagarre avec ma mère pour que je me lève. J’ai toujours détesté me lever tôt. Même le dimanche, ma mère m’obligeait à me lever tôt, car elle m’emmenait au culte d’une secte qu’elle fréquentait, la Science chrétienne. A 83 ans, cela fait plus de 20 ans que j’apprécie ce moment de pouvoir rester au lit et me lever sans me presser. C’est un énorme privilège.

Je n’aimais pas trop l’école, à part, peut-être, les cours d’histoire et géographie. Mais pour l’histoire, il fallait retenir des dates et je n’en voyais pas l’utilité. J’étais bavard au point que monsieur Baer, l’instituteur qui faisait la classe, en quatrième, m’a lancé une règle métallique à travers la classe pour que je me taise. Parfois il lançait son porte-clés. C’était dangereux, mais c’était son truc. A chaque carnet de notes, je redoutais les remarques de ma mère, bien qu’à part cela, j’étais assez bon élève. J’aimais bien le chant, et parfois, lorsque toute la classe chantait, la maîtresse me faisait taire, car je chantais trop fort par rapport aux autres. Je trouvais cela bizarre. C’était mademoiselle Porret, que j’aimais bien, car l’été, elle mettait un chemisier blanc transparent et l’on voyait son soutien-gorge. Ça m’émoustillait déjà, à 10 ans !!!

Avec M. Baer, j’ai eu une mauvaise expérience qui m’a fait prendre conscience, à ce moment-là, que l’injustice était insupportable. A la fin des cours, je descendais tranquillement les grands escaliers de l’école avec mon ami Locatelli, un garçon très gentil, un peu spécial, fils d’un artiste peintre. Soudain et pour une raison que j’ignore, plusieurs des élèves de ma classe, se sont jetés sur nous et la bagarre a commencé. J’étais assez fort et j’avais mis déjà deux ou trois à terre quand M. Baer est arrivé et m’a flanqué un énorme pied au derrière qui m’a fait valdinguer quelques mètres plus loin. Tous les autres se sont empressés de ficher le camp. Je suis rentré en pleurs à la maison et j’ai expliqué à ma mère ce qui c’était passé, car je trouvais qu’il était parfaitement injuste que je sois le seul à être mis en cause, alors que je n’avais rien provoquer. J’étais vraiment très malheureux. Le lendemain, ma mère s’est présentée à la porte de la classe et a fait sortir M. Baer. Connaissant ma mère, je pense qu’elle lui a dit ce qu’elle pensait de son attitude car, quand il est rentré en classe, il était blême. Il a fait le nécessaire pour que les participants à la bagarre soit puni, et à moi, il m’a simplement dit : "toi, tu as déjà été punis". Encore aujourd’hui, je me souviens de cet incident qui m’a profondément marqué.

Avec un autre élève, Jacques Vuillemin, d’un an plus âgé que moi, nous étions un peu les meneurs, mais antagonistes. Il n’était pas rare qu’à la récréation, nous nous bagarrions pour avoir la suprématie. Il était plus fort que moi, et un jour que j’avais exceptionnellement le dessus, il m’a mordu la poitrine jusqu’au sang. Cela m’a calmé, et plus tard, nous sommes devenus amis. On draguait les filles ensemble, et là aussi, il avait plus de succès que moi, car plus expérimenté et plus séduisant. J’en étais jaloux.


La période de l’école de 7 à 14 ans a été pour moi une période faite de moments extraordinaires et aussi de malheurs. Les moments extraordinaires, c’était le dimanche, quand on partait en voiture faire un pique-nique, tous ensemble en famille, que ce soit au bord du lac de Thoune, au lac Noir et au lac de Gruyère en passant par le barrage de Rossens. Mon père adorait conduire et il nous emmenait souvent. En hiver, il nous emmenait, mon frère et moi, patiner sur le lac des Tallières près de la Brévine, nommée la Sibérie de la Suisse, car les températures pouvaient descendre jusqu’à moins 35°. Mais les plus beaux moments étaient l’été, au bord du lac de Neuchâtel. Avec son frère, mon père avait construit une barraque en bois à 50m du bord de l’eau, à la plage de Boudry. On pouvait y dormir à quatre et on passait les week-ends là-bas. Il allait pêcher avec son beau bateau en bois et sa vieille moto godille, comme on appelait l’antique moteur hors-bord, qui tombait assez souvent en panne. J’ai une photo de lui, sur son bateau, dans ma chambre à coucher. Comme moi, il n’aimait pas se lever de bonne heure, la semaine pour aller travailler. Mais pour aller pêcher, il se levait à 5 heures. Il ramenait de belles perches que ma mère cuisinait en délicieux filets. Elle en avait souvent marre de devoir lever les filets et s’engueulait avec mon père pour qu’il s’en occupe aussi.

J’ai commencé à nager à l’âge de 7 ans, dans une eau à 14°, tant j’avais hâte de savoir. Avec mon frère Marcel, 6 ans plus âgé que moi, nous passions des heures ensemble dans l’eau. Il m’avait construit un petit canoé en bois, et je filais sur l’eau, loin de la rive, sans que je sache nager. Ma mère était folle d’inquiétude car, c’était un frêle esquif qui pouvait chavirer assez facilement. C’est vraiment à cette époque que j’ai appris à aimer l’eau, le lac, le bateau. Cela ne m’a jamais quitté de toute ma vie, malgré le drame de l’été 1963 dont je parlerai plus tard.


Je ne parle pas beaucoup de mon demi-frère Marcel, car nous avons été relativement peu ensemble. Quand j’étais à l’école primaire, mes parents l’ont placé dans des internats, d’abord à Bâle et ensuite à Schiers dans les Grisons. C’est là qu’il m’a construit le canoé. Mes parents avaient pas mal de difficultés avec lui. Ils n’en faisaient pas façon, comme on dit. Il faut dire que, dû à leur travail extrêmement prenant de chefs d’entreprise d’environ 40 personnes, ils étaient absents toute la journée. Et lui n’en faisait qu’à sa tête. Il était assez paresseux, c’est du moins ce que j’en entendais de mes parents. En revanche, il avait du bagout et était beau parleur. Cela lui a bien servi dans sa profession de vendeur, à l’âge adulte. Il était aussi très habile de ses mains et il a fait des merveilles dans la construction de sa collection de miniatures automobiles, qu’il a bien revendu plus tard, pour arrondir les fins de mois. Mes rapports avec mon frère ont été assez ambigus. Je l’admirais, en tant que grand frère, il était le chef à la maison et il exerçait une grande influence sur moi. Il a fallu longtemps pour que cette influence se dissipe. Voir même devienne un vrai désamour. Pour que cela arrive, il a fallu un incident quand j’avais environ 17 ans. J’étais un adolescent désobéissant et rebelle, ma mère avec qui je vivais seul et avec qui je ne m’entendais pas du tout, a cru bon de m’envoyer vivre chez mon frère, qui était marié. Elle croyait qu’avec lui, ça irait mieux. Bien au contraire. Peu de temps après être arrivé chez lui, ma belle-sœur m’a fait une remarque que je n’ai pas accepté, car elle avait, selon moi, rien à me commander. Cela a dégénéré et je lui ai mis une claque bien retentissante. Mon frère est accouru. Il était bien plus grand et gros que moi, mais j’ai vite eu le dessus. Moi, à califourchon sur lui, j’ai commencé à l’étrangler. J’avais les yeux ouverts mais, c’est comme si j’étais aveugle. Je ne me rendais pas compte ce que je faisais. Sa femme s’est précipitée sur moi et, je ne sais comment, nous a séparé. C’est là que, plus tard, j’ai constaté comment il était facile, dans la fureur et sans s’en rendre vraiment compte, on pouvait tuer quelqu’un.


Pour en revenir aux beaux jours de mon enfance, j’adorais aller passer mes vacances au Tessin, à Ascona, où la sœur de ma mère habitait avec son mari Romolo, mon cousin Renato et ma cousine Georgette, qu’on appelait Poupina. A Pâques, je me souviens d’avoir été tout seul au bord du lac Majeur, je me suis étendu sur le sable de la plage et j’ai écouté les carillons des églises aux alentours que je trouvais, et que je trouve toujours très beaux. C’est un très joli souvenir.

Un jour, mon père et ma mère décident, à l’improviste, de partir au Tessin en voiture. Depuis Neuchâtel, c’était, à l’époque, un assez long voyage. Il fallait passer deux cols, le Susten et le Gothard et il n’y avait pas d’autoroutes. J’étais seul avec eux et c’était très rare qu’ils partent ensemble en vacances. J’étais tellement heureux, que je n’ai pas arrêté de babiller durant tout le voyage, au point que ma mère me proposa une récompense si j’arrêtais de parler. Ascona était pour moi un endroit merveilleux, et quand j’y retourne, maintenant, j’en ai les larmes aux yeux, bien que tout a changé. Avec Gerlinde, nous avons essayé de retrouver la maison de ma tante et celle que ma mère avait achetée juste à côté, mais impossible de les retrouver dans cet immense quartier de villas qu’est devenu l’endroit, où jadis, il n’y avait que quelques maisons.

A Ascona, j’ai aussi des souvenirs émoustillants d’adolescent. A quelques dizaines de mètres de la maison de ma mère, il y avait une maison avec deux sœurs, très jolies ; la plus jeune, réservée et inaccessible était ma préférée. L’autre, nettement plus âgée que moi était très sexy. Je m’enfuyais la nuit de la maison de ma mère et je la retrouvais dans sa chambre du rez-de-chaussée, dont elle avait laissé la fenêtre ouverte. J’étais puceau et débutant. Nous avons commencé un flirt assez poussé. Nous devions être très discret, car ses parents dormaient dans la maison. J’étais vraiment débutant, car je n’ai jamais osé aller plus loin avec elle, ce que j’ai toujours regretté, car elle était vraiment très désirable. Je pense qu’elle aimait bien jouer avec un garçon plus jeune qu’elle.

Le Tessin fut aussi le théâtre de mon premier véritable amour, totalement platonique. Je devais avoir 14 ans. On était en vacances avec ma mère dans un hôtel à Melide, superbe endroit au bord du lac de Lugano. Il y avait là, une famille allemande avec leur fille Gisela. Une très jolie blonde, 2 à 3 ans plus âgée que moi, et avec qui je jouais au ping-pong. J’étais complètement transi devant elle et je suis certain qu’elle ne remarquait rien, ou en tout cas, n’en faisait pas cas. Cela dura plusieurs jours ou mes pensées n’étaient que pour elle, bien que je n’osasse lui déclarer mon amour. Après lui avoir demandé son adresse en Allemagne, nous sommes partis de l’hôtel, ma mère et moi, pour aller retrouver mon oncle et ma tante dans leur cabane à la montagne à Villa Bedretto, proche de Airolo dans le massif du Gothard. La première nuit là-bas, je me souviens d’avoir pleuré toutes les larmes de mon corps pour cet amour perdu à jamais. C’est quelques années plus tard, lorsque je passais l’été chez un jardinier paysagiste de Stuttgart où ma mère m’avait envoyé pour passer des vacances actives et aider aux travaux des champs, que j’aurais eu l’occasion de revoir Gisela. Quand j’ai sonné à la porte de sa maison, sa mère m’a gentiment accueilli. Malheureusement, Gisela était absente à ce moment-là et je ne pouvais pas revenir, car c’était trop loin de l'endroit où je résidais.


Je me souviens aussi de beaux Noëls passés ensemble en famille. Ma mère prenait le temps de faire un bon repas, car elle cuisinait très bien. Mon père qui buvait très peu d’alcool, se servait pour l’occasion, d’un verre d’absinthe, alors totalement interdit. J’ai déballé mon premier train électrique, sous le sapin dressé dans la chambre à manger et salon dont on enlevait les protections seulement lors des grandes occasions.


Ma mère a voulu que j’apprenne le piano et l’accordéon. Pour l’accordéon, se fut vite terminé, car je n’en n’avais vraiment pas envie. Pour le piano, une professeure venait à la maison une fois par semaine. Ma mère m’obligeait à jouer au moins une heure par jour, alors que j’avais qu’une seule envie, c’est d’aller jouer dehors avec les copains. Elle me téléphonait depuis l’usine pour savoir si j’étais à la maison en train d’étudier. Je lui répondais que oui, mais je ne le faisais pas toujours, car ça me barbait. Mais il fallait bien que j’étudie, car elle surveillait de près mes progrès. J’ai tout de même joué quelques morceaux relativement difficiles comme l’ouverture de « Poètes et paysans » de Franz von Suppé. Après 7 ans d’étude, j’ai arrêté le piano à 14 ans quand je suis parti de la maison, sauf lorsque plus tard, j’étais en internat à Adelboden. Mais ça, c’est une autre histoire.


Ma mère, qui avait une assez bonne culture, et qui venait d’un milieu aisé, m’emmenait écouter des concerts, en particulier des récitals de piano, durant lesquels je me barbais. Mais, j’ai aussi eu la chance de suivre mes parents qui allaient au moins une fois par année à Paris, où habitait le cousin de mon père. Nous allions voir des opérettes au théâtre du Châtelet, qui étaient en grande vogue à l’époque où j’ai eu l’occasion d’écouter Georges Guétary et Luis Mariano, qui étaient les grands chanteurs de l’époque. Grâce à ma mère, j’ai ainsi acquis une culture musicale qui m’a toujours donné par la suite une grande satisfaction. Mon père lui, d’origine beaucoup plus modeste, adorait le café-concert, et il n’était pas rare, que lorsqu’il aimait un orchestre qui se produisait à Neuchâtel, nous allions ensuite l’écouter, le dimanche, à Lucerne ou à Berne.


Mes parents travaillants énormément, nous prenions pension chaque jour dans le restaurant Les Trois Colombes à Colombier. C'était toujours un moment agréable passé en famille. Le dimanche, pour éviter à ma mère de devoir cuisiner, il nous arrivait d’aller manger dans des restaurants de campagne en Suisse alémanique toute proche. C’était un rituel agréable, et cela se passait en général assez bien entre mes parents et nous, car nous étions à l’extérieur. Ce n’était pas la même chose à la maison.

   

Durant mes années d’école primaire de 7 à 14 ans, tout ne fut pas rose, bien au contraire. En particulier, ma mère avait une manière d’éduquer très stricte et il y avait des principes à ne pas déroger. Par exemple, pour mon frère et moi, il nous était interdit de parler à table, si l’un de nos parents ne nous y autorisait pas. Mon frère, avec ses grimaces et mimiques, se faisait un malin plaisir de me faire rire ou pouffer. Après plusieurs avertissements, mon père excédé, m’a giflé avec le revers de sa main qui avait une chevalière. J’ai eu la lèvre fendue et je pissais le sang. Je peux te dire que j’ai retenu la leçon.

A table, lors des repas, il n’était pas rare que mes parents s’engueulassent violemment. La plupart du temps, c’était dû aux différents qu’ils avaient à cause de l’usine. Nous étions les témoins directs et impuissants. C’est à ce moment-là que je me suis dit que jamais je ne travaillerais dans cette usine. Il est arrivé par deux fois que les engueulades ont failli très mal tourner. Ma mère avait le chic pour rendre mon père complètement fou. Il ne se contrôlait plus. Une fois, il est monté au galetas pour chercher son pistolet d’ordonnance. Pour monter au galetas, Il y avait une trappe au plafond avec une échelle. Quand mon père fut dans le galetas, mon frère a eu la présence d’esprit de fermer la trappe. Mon père était enfermé. Ma mère a appelé le gendarme du village qui est venu et a négocié avec mon père, qui entretemps était complètement dégrisé. Une autre fois, j’étais seul à la maison avec eux, mon père complètement fou, avec la bave aux lèvres, a poussé ma mère sur le canapé et l’a frappée. Je me souviens être monté sur son dos pour qu’il arrête. Là aussi, ma mère a pu appeler le gendarme du village qui est venu pour calmer tout le monde. Ce sont des moments qui ne s’oublient pas pour un gamin de 10-11 ans.

De mon côté, j’étais un gamin pas facile, surtout rebelle. Cela finissait souvent par des claques, même le tape-tapis. Une fois, qu’ils ne faisaient pas façon de moi, ils se sont mis à deux pour me pousser par terre dans une armoire et me mettre une torgnole bien sentie. D’autres fois, la punition classique était d’aller dans ma chambre sans manger, ou de m’enfermer dans les toilettes durant plusieurs heures.

Mes parents voulaient aussi me faire plaisir, alors ils ont été d’accord de prendre un chien, noir, presque aussi grand que moi. Il s’appelait Dragon. Quand j’étais triste, j’allais me coucher près de lui dans sa niche, dans la cage d’escalier extérieure. Je me consolais en le serrant contre moi. Malheureusement, nous ne l’avons pas gardé longtemps. Cela donnait du travail à ma mère pour lui préparer ses repas et aussi, il était seul toute la journée quand j’étais à l’école. Comme la maison n’était pas clôturée, nous l’avions attaché au bout d’une chaîne qui pendait le long d’un fil de fer. Comme ce fil de fer était accroché à un poteau, il n’était pas rare, quand je rentrais de l’école de le voir, gémissant et jappant, coincé autour du poteau. Je me suis séparé de lui avec beaucoup de tristesse.


Avec certains copains de l’école, notre plus grand plaisir était de jouer « aux petites voitures » comme on disait, sur le mur derrière notre maison. Nous collectionnions des Dinky Toys, qui était la marque de voiture miniature la plus connue à l’époque. On construisait des garages, on faisait des courses ; on y passait des heures, surtout les mercredi et samedi après-midi. C’était un véritable rituel. Nous étions aussi une bande de gamins assez bagarreurs, et nous passions nos journées de congé à se confronter avec la bande du village d’à côté. Notre terrain de jeu idéal était à Planeyse, un immense terrain plat, mais aussi avec des buttes, des trous et des tranchées, qui était le terrain d’exercice des militaires de la caserne de Colombier. On faisait la « petite guerre ». Il nous arrivait de faire de véritables « conneries » : un jour, on a ficelé un gamin autour d’un arbre et on l’a laissé là durant plusieurs heures. C’était vraiment « la guerre des boutons ».

 
 
 

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